Distillerie Peureux (1864–2015)
Distillerie Peureux (1864–2015)
1864 – Fondation de la distillerie
La maison Peureux est fondée en 1864 par Auguste Peureux à Saint-Loup-sur-Semouse (Haute-Saône). Elle s’inscrit dès l’origine dans le mouvement de professionnalisation de la distillation de kirsch en Franche-Comté, porté par la valorisation de la cerise comme ressource locale.
1889 – Implantation à Fougerolles
Auguste Peureux rachète les bâtiments de l’ancienne distillerie Émile Vial à Fougerolles, centre industriel de la distillation à la fin du XIXe siècle. Ce transfert stratégique permet à l’entreprise de se rapprocher de la matière première (cerise) et d’intégrer un réseau industriel dynamique.
1890–1900 – Structuration artisanale et premiers succès
Durant cette période, la maison se spécialise dans le kirsch et les eaux-de-vie de fruits. Elle participe aux concours agricoles et industriels, comme celui de Lyon en 1894, et reçoit une médaille d’or à l’Exposition Universelle de Paris en 1900, ce qui confère à la marque une légitimité nationale.
1907–1915 – Crise de l’absinthe et repositionnement
La montée des campagnes antialcooliques contre l’absinthe atteint son paroxysme en 1915 avec son interdiction officielle. Bien que la maison Peureux ne soit pas productrice d’absinthe, elle bénéficie indirectement de cette réorientation des marchés en faveur des eaux-de-vie traditionnelles comme le kirsch.
1914–1918 – Première Guerre mondiale
La distillerie, comme de nombreuses entreprises françaises, est fragilisée par les effets de la guerre : pénuries, mobilisation des hommes, baisse des échanges. Elle parvient néanmoins à se maintenir, notamment grâce à la gestion familiale et à ses stocks.
1925 – Création de la société « Les Fils d’Auguste Peureux »
À la mort d’Auguste, ses fils André et Edgar reprennent l’entreprise. Celle-ci est enregistrée sous la dénomination « Les Fils d’Auguste Peureux », confirmant l’inscription de l’entreprise dans la logique des maisons familiales. Elle renforce son activité d’exportation et professionnalise sa communication commerciale.
1930–1939 – Consolidation de la production et développement export
À la veille de la Seconde Guerre mondiale, la distillerie Peureux poursuit son expansion, notamment en Afrique du Nord, en Belgique et en Amérique du Sud. Les papiers à en-tête de la période montrent une communication modernisée, parfois en plusieurs langues, illustrant l’ouverture internationale de l’entreprise.
1939–1945 – Seconde Guerre mondiale
La guerre entraîne à nouveau des ralentissements d’activité. Les contraintes sur les matières premières et les transports limitent la production. La distillerie résiste néanmoins à la crise, fidèle à son ancrage local et à sa structure familiale.
1948 – Reprise par Claude Peureux
La reprise par Claude Peureux, petit-fils du fondateur, marque une nouvelle étape. Il engage un programme de modernisation de l’outil de production tout en conservant les savoir-faire traditionnels de distillation à feu nu.
1955 – Création des griottes au kirsch
Claude Peureux lance la fabrication de griottes macérées au kirsch destinées à la chocolaterie industrielle. Ce produit novateur, fruit d’un savoir-faire de macération, constitue le prélude à la future marque Griottines.
1984 – Dépôt de la marque « Griottines »
Après près de trente ans de perfectionnement, la distillerie dépose officiellement la marque Griottines. Les cerises au kirsch deviennent un produit emblématique de la maison, à la fois gastronomique, festif et exportable.
2002 – Bernard Baud prend la direction
Bernard Baud, successeur familial et gendre de Claude Peureux, prend la tête de l’entreprise. Il engage un tournant stratégique avec l’acquisition de la distillerie alsacienne Massenez, élargissant l’offre à d’autres spiritueux (crèmes, liqueurs, eaux-de-vie).
2010 – AOC Kirsch de Fougerolles
Après de nombreuses années de démarches collectives, le Kirsch de Fougerolles obtient l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC), première reconnaissance de ce type pour une eau-de-vie de fruits en France. La distillerie Peureux, acteur moteur dans ce processus, adapte ses procédés aux exigences du cahier des charges.
2015 – Label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV)
La distillerie reçoit le label EPV, reconnaissant l’excellence de ses savoir-faire artisanaux et son rôle dans la valorisation du patrimoine gastronomique français. Ce label renforce son ancrage culturel et territorial, tout en confortant sa visibilité à l’international.